Théâtre magique

Les jeux de Tegularius étaient alors « de petits drames », et ce n’est pas la seule fois que le JPV est décrit en termes de théâtre.  Dans l’introduction au JPV qui forme le début du roman, il est dit que, à un certain moment, les joueurs appelaient le Jeu « théâtre magique ».

Ce terme ne trouve pas d’explication ultérieur dans le texte, mais nous pouvons savoir ce que Hesse a voulu dire si nous consultons un autre de ses romans (Le loup des steppes) dans lequel ces mots paraissent.  Dans ce roman, le narrateur Harry Haller, se promenant dans les rues d’une ville en Suisse, voit un placard sur un mur : « théâtre magique – pas pour tout le monde – seulement pour des fous ».  A la fin du roman, Haller pénètre dans ce « théâtre magique ». Il y a des loges, desquelles on ne voit pas une pièce unique sur la scène ; on a plutôt la possibilité de vivre tout le potentiel de sa vie d’une manière hypothétique ou imaginaire.  La référence au jeu d’échecs est fondamentale.  Harry regarde dans un miroir qui montre la pluridimensionalité de sa vie, avec tous les rôles, toutes les existences partielles qui se jouent. Le meneur du jeu d’échecs, « un artiste méticuleux », extrait ces rôles du miroir en forme de figures d’échecs et les met sur l’échiquier, à plusieurs reprises, dans plusieurs combinaisons.  Chaque fois s’agit-il, comme il dit, d’un nouveau « drame ».

Voilà tout ce que nous pouvons dire sur le JPV comme « théâtre magique ».  Si nous voulons poursuive le thème de l’aspect théatral ou dramatique du Jeu, il nous faudra considérer le ludus sollemnis.